Lettres
En-tête
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Gallimard, 2016

Carnets de route.

Coll. Quarto.

Années 1950

Le trop bon élève qui meurt d'ennui en France commet ses premières nouvelles avec Un jeune homme à la page, symptôme d'une génération en désarroi, et La Frontière, découverte des États-Unis par un adolescent.

Années 1960

Des engagements politiques de jeunesse – sur fond de guerres d'Algérie et du Vietnam – naîtra L'Indésirable, au retour d'un périple mouvementé en Amérique latine. S'ensuivra une plongée dans les coulisses de la rèvolution : La Havane avec Fidel Castro, Che Guevara et bien d'autres ; l'arrestation, le poteau d'exécution, la prison à Camiri en Bolivie, la libération ; le Chili d'Allende, d'où sort un roman en forme de ballade, La Neige brûle.

Années 1970

Retour en France, découverte du pays natal, d'une famille d'adoption place Dauphine – Simone Signoret, Yves Montand, Chris Marker, Costa-Gavras… et des imbroglios du cœur transposés dans Les Masques.

Années 1980

Après un nouveau saut dans l'inconnu, intitulé Palais de l'Élysée, la folie des grandeurs, il explore, derrière François Mitterrand, les ors et les ombres du pouvoir avec Loués soient nos seigneurs, et médite sur l'enfance et ses oublis avec Comète ma comète. Sans oublier Contre Venise, le vertige devant La Crucifixion du Tintoret et le sentiment panique de la vie.

Années 1990

Apologie des devoirs de transmission et de fidélité avec L'Apostat et Le Bel Âge, suivie d'une provocante interpellation du jeunisme montant avec Le Plan vermeil.

Années 2000

Après un passage par les planches avec Happy Birthday ! et Benjamin, dernière nuit, vient une galerie de portraits – Malraux, Julien Gracq, Claude Simon… – dans À sauts et à gambades à travers les délices et les piquants du jardin littéraire, jusqu'à l'ultime dépaysement qu'inspire au final ce pays étrange, la France, avec Un trèfle à quatre feuilles.

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Gallimard, 2023

Où de vivants piliers.

Fût-il en fin de carrière ou de vie, un cadet de l’art d’écrire ne saurait déménager à la cloche de bois, sans régler ce qu’il doit aux grands aînés qui l’ont, à leur insu, incité à poursuivre ou à tenter de rebondir. Tous les écrivains abritent au fond de leur cœur des passagers plus ou moins clandestins, souvent de la génération précédente, qui font pour eux office d’incitateurs ou d’excitants.

Intercesseurs et éveilleurs, disait Julien Gracq. Pas toujours les plus connus, et souvent inattendus. On s’en émancipera peut-être un jour, mais ce sont eux, à leur insu, qui nous ont lâché la bride. C’est à ces maîtres proches ou plus lointains auxquels je voudrais rendre ici hommage – ou témoignage. En rêvant de voir un jour des confrères bien plus qualifiés nous révéler leurs dettes d’honneur… comme un carnet de bal à conserver.

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Gallimard, 2022

L'exil à domicile.

Se sentir chaque jour un peu moins de son temps, un peu plus anachronique, n’a pas que des inconvénients.

Une personne déplacée peut revoir en souriant tout ce qu’elle avait cru devoir prendre au sérieux, et qui l’était si peu en fin de compte : déchirements intellectuels, bisbilles politiques, plans sur la comète, bref, tout ce qui se fane inexorablement avec les ans.

Pas de quoi se griffer le visage tant il y a de bonheur, en contrepoint, à voir resurgir, en bout de course, plus vivaces, plus entraînants que jamais, les héros de roman dont il nous est arrivé d’usurper l’identité dans notre for intérieur, parce qu’en nous prêtant leur vie, le temps d’un éclair, ils nous ont rendu la nôtre presque digne d’avoir été vécue.

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Gallimard, 2021

Éclats de rire.

Un accident

de santé, soudain,

fait danser

la mémoire.

Le tout éclate,

des riens remontent,

et c’est la fête.

Dans une joyeuse

incohérence,

qui défie

les censures.

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Gallimard, 2020

D'un siècle l'autre.

Coll. Folio n° 7147, Gallimard, 2022.

Les philosophes ont la chance d'avoir Minerve pour déesse protectrice. Sa chouette prend son vol au crépuscule. Heureuse coïncidence, c'est là où j'en suis. Ce volatile, juste avant la nuit, nous prête sa vue plongeante sur l'enfilade des hasards qui nous a fait grandir.

On peut alors rembobiner le film et discerner comme une courbe reliant nos saisons l'une à l'autre.

Pardon pour l'outrecuidance mais il m'a semblé que la parabole d'un intellectuel français, ayant connu plus d'un pays et quelques écarts de conduite, pouvait, comme un document parmi d'autres, contribuer à la cartographie d'une époque très bousculée et encore un peu floue.

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Gallimard, 2019

Du génie français.

Qu'en est-il de l'art d'être français ? Et quelle figure d'écrivain serait la mieux à même d'incarner ce génie singulier ?

Une institution littéraire réputée, saisie par les plus hautes instances politiques, aurait, dit-on, tenté de répondre à cette question, en soumettant le sujet au vote auprès de ses membres les plus éminents. Résultat : Stendhal, premier sur la liste, assez loin devant Hugo.

Alarmé par cette rumeur, et conscient qu'un tel choix aurait un enjeu stratégique non seulement littéraire mais proprement éthique, Régis Debray examine de près les mérites respectifs des deux candidats à la fonction suprême. Sa conclusion : Hugo d'abord, Hugo toujours.

Simple question de goût ? Non, car il en va de la vocation d'un peuple, qui regarde notre présent mais plus encore notre avenir.

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Gallimard, 2018

Bilan de faillite.

Coll. Folio n°173, sous le titre Conseils d’un père à son fils, Gallimard, 2019.

Un dépôt de bilan peut se consigner dans la bonne humeur, avec clins d’œil et sourires. C’est cette variante teintée d’humour, rarement pratiquée au tribunal de commerce, qu’a choisie Régis Debray, dans cette lettre d’un père à son fils bachelier, en quête de conseils sur la filière à suivre. Littérature, sociologie, politique, sciences dures? En empruntant le langage entrepreneurial, celui de notre temps, l’auteur lui expose les bénéfices qu’un jeune homme peut dorénavant attendre de ces divers investissements.

En lui recommandant instamment d’éviter la politique.

Bien au-delà de simples conseils d’orientation professionnelle, ce livre-testament voudrait faire le point sur le métier de vivre dans le monde d’aujourd’hui, sans rien sacrifier aux convenances.

Beaucoup d’adultes et quelques délurés sans âge particulier pourront sans doute y trouver leur compte.

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Gallimard, 2015

Madame H.

Madame H. nous a quittés. Nous voilà veufs. Et s'il n'y avait pas de quoi pleurer ? H. ou l'Histoire avec une majuscule. Notre haschich officiel, depuis des lustres, en France, où la consommation a toujours été plus élevée qu'ailleurs.

Le stupéfiant Histoire, avatar halluciné de l'Histoire sainte, nous a légué autant de héros que de tyrans, de défricheurs que de fossoyeurs. La fin récente de l'ère chrétienne et progressiste ne nous oblige-t-elle pas à reconsidérer nos rapports avec cette grande puissance d'enthousiasme et d'illusion ?

Dans ce récit fantasque à la première personne, où le drolatique le dispute au sérieux, le lecteur pourra trouver à la fois le compte rendu d'une désintoxication et l'esquisse d'un mode d'emploi : Comment sortir de l'Histoire sans broyer du noir ? Comment changer de civilisation sans verser dans une nouvelle barbarie ?

Pour substituer, autant que faire se peut, à une espérance sans gaieté - la perpétuelle attente du Jour des récompenses - quelque chose comme une gaieté sans espérance, un meilleur usage du monde.

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Gallimard, 2015

Un candide à sa fenêtre.

Dégagements II.

Coll. Folio n°6213, Gallimard, 2016.

Je ne prise guère la littérature d’idées. Ses angles droits sont trop fastidieusement masculins et sûrs d’eux pour capter l’émotion, le tremblement, l’inattendu du réel.

Pourquoi récidiver ? Parce qu’on résiste moins, avec l’âge, aux impulsions du farfelu, jusqu’à se permettre quelques divagations sur les dieux et les hommes, le beau et le moche, le mort et le vif, et même sur l’avenir de l’humanité.

Sans dramatiser : les échappées qui suivent sont à un essai ce qu’une flânerie est à un défilé, ou une songerie à un traité de morale. Elles demandent seulement au lecteur un peu d’indulgence pour ce qu’elles peuvent avoir de mélancolique, de cocasse ou d’injuste.

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Flammarion, 2013

Le bel âge.

Ce pamphlet fournit une analyse de la société contemporaine et des relations entre générations.

L'auteur met en évidence un culte voué à l'instant présent, sitôt énoncé, sitôt oublié, et où paradoxalement le vintage est à la mode.

Il montre la nécessité de savoir se retourner sur son passé pour créer et pour vivre, que ce soit dans le champ politique ou le monde de la culture.

Un pays frileux

et à l’âme vieillissante

est-il condamné

au culte de la jeunesse ?

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Gallimard, 2013

Modernes catacombes.

Une génération s'en va dans les lettres modernes. Parmi les maîtres qui m'ont interpellé par-dessus les années, comme on se hèle d'une rive à l'autre quand la brume qui monte va rendre le passage difficile, bien peu ont mis formellement le feu au lac. Ce sont les plus classiques d'entre les modernes, et non les plus avant-gardistes. Ils viennent d'un temps d'outre-tombe, d'avant les linguisteries et les sociologismes, où la musique importait, où écrire n'était pas rédiger.

Ils peuvent s'opposer en tout, mais ils ont en commun de savoir que Chateaubriand existe, au point, pour l'un d'entre eux, Sartre, d'aller compisser sa tombe au Brand-Bé. Où le jet, aujourd'hui, ne frôlera plus la dalle que par inadvertance, faute de toilettes à proximité. Là, côté miction, est la vraie ligne de partage des eaux, entre les derniers des Abencerage et nos nouveaux Américains.

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Gallimard, 2010

Dégagements I.

Coll. Folio n°5316, Gallimard, 2011

L'essentiel, qui est un certain style, se niche dans les détails. C'est le ton de I'écrivain, celui qui vivifie les mots et stylise la vie.

Régis Debray joue aux quatre coins avec les accidents de la vie. Entre figures tutélaires (Julien Gracq ou Daniel Cordier) et artistes redécouverts (Andy Warhol ou Marcel Proust), entre cinéma et théâtre, expos et concerts, le médiologue se promène en roue libre, sans apprêt ni a priori. Rêveries et aphorismes cruels se mêlent aux exercices d'admiration. Les angles sont vifs, la lumière crue, mais souvent, à la fin, tamisée par l'humour.

Ainsi l'exige la démarche médiologique, tout en zigzags et transgressions, selon la définition un rien farceuse qu'en donne l'auteur : un mauvais esprit assez particulier qui consiste, quand un sage montre la lune, à regarder son doigt, tel l'idiot du conte.

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Gallimard, 2006

Aveuglantes lumières.

Genre : carnet de bord (2006, année Mozart).

Leitmotiv : où en sommes-nous par rapport aux Lumières ?

Tête de Turc : Voltaire.

Trajet : de la rue Jean-Jacques-Rousseau jusqu'à Saint-Florent-le-Vieil, en passant par l'Opéra, Le Caire, Nancy, Jérusalem, le Quai Branly, le malheur arabe, le billet de dix euros, le foot, les unijambistes, les casques bleus, etc.

But : mieux s'orienter dans le noir, ou un peu moins mal.

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Gallimard, 2004

Le plan vermeil.

La vieillesse en Europe est une idée neuve, et le déclin de l'esprit prospectif dans nos pays a de quoi inquiéter. Trois mois d'espérance de vie en plus chaque année. Est-ce bien raisonnable ?

Intolérable de froideur calculée était chez Swift la Modeste proposition concernant les enfants des classes pauvres - rien de moins que les manger à table…

Dans ce droit-fil, celle de Régis Debray concernant les vieillards dérangera par sa vigueur et son à-propos.

Pamphlet pathétique que ce Plan vermeil, ou impubliable et savant rapport administratif sur le vieillissement des populations en Europe ?

À chacun d'en juger, selon son âge, son humour ou son humeur.

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Fayard, 2002

L'édit de Caracalla.

La seule question qui vaille pour ceux et celles qui vivront au XXIe siècle sera celle de la constitution d'États unis d'Occident englobant les USA et le Canada, l'Europe élargie et les pays occidentalisées du Pacifique.

Gageons que ce diagnostic doublé d'un pronostic très argumenté, traduit et présenté par un grand admirateur de la géopolitique gaullienne, ne manquera pas de susciter une longue et brûlante controverse.

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Gallimard, 1998

Par amour de l'art.

Le temps d'apprendre à vivre, III.

Coll. Folio n°3352, 2000.

Jette ce livre, jeune étudiant. Il n'est pas moderne. Prends plutôt un manuel solide et spécialisé. Tiens-t'en à ton plan de carrière. Reviens à tes devoirs, apprends ta leçon. Ne t'expose pas à une histoire vraie. La vérité est indécente. Elle zigzague comme un homme ivre sur le trottoir. Elle ne sait pas où elle va. Reste dans le droit chemin.

Et toi, savant blasé, dûment homologué, cuirassé de lunettes, referme-le, s'il tombe entre tes mains.

Tu es certain de devoir ta brillante réussite à tes mérites et à ton acharnement. tu es quelqu'un de sérieux et ce récit ne l'est pas. C'est l'histoire d'un myope sans importance qui cherche à savoir comment se fabrique une carrière intellectuelle, et sur quels sables nous bâtissons nos certitudes. C'est de bien mauvais goût.

Non, il n'est pas bon de découvrir tout ce que nous devons à nos dérades, ni à quoi tient une vocation, voire une fidélité - un cheveu, une rencontre d'adolescent, de ridicules héritages.

Ni à combien de petites choses idiotes et vieillottes sont suspendues les grandes idées qui nous occupent jusqu'au soir.

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Gallimard, 1996

Loués soient nos seigneurs.

Le temps d'apprendre à vivre, II.

Coll. Folio nº3051, Gallimard, 2000.

Roman psychologique à travers des personnages et des événements réels, de la lutte armée en Amérique latine dans les années soixante aux milieux officiels de la France des années quatre-vingt, Loués soient nos seigneurs, aborde, entre romantisme et naturalisme, la psychologie de la passion politique : sans juger ni régler de comptes, Régis Debray, à travers son itinéraire personnel, se penche, non sans humour, sur ces étranges mécanismes affectifs, quasi amoureux, de l'âme, qui font que l'on s'engage, l'on se dégage, l'on trahit quelquefois…

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Gallimard, 1988

Les Masques, une éducation amoureuse.

Le temps d'apprendre à vivre, I.

Coll. Folio n°2348, Gallimard, 1992.

Rien n'est jamais acquis à l'homme. Ni sa force ni sa faiblesse ni son cœur….

Cela se fredonne à la radio et s'apprend dans la vie. Mais laquelle de nos vies - si tous, nous en avons deux, - l'une qui murmure dans le noir, l'autre qui fanfaronne en public ? La privée et l'officielle.

Chaque homme, chaque femme s'avance vers l'autre, masqué. C'est seulement quand les grands élans rencontrent les petits secrets, et les illusions lyriques la désillusion amoureuse, que s'opère la mise à nu.

Un beau risque à courir. Et une façon d'apprendre ce qu'on croyait savoir à tort en entendant chanter : Il n'y a pas d'amour qui ne soit à douleur. Il n'y a pas d'amour dont on ne soit meurtri…

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Gallimard, 1986

Comète ma comète.

2061… Fais un nœud à ton mouchoir, papa. Et toi, promets-moi de ne pas être en retard. J'en ai assez d'attendre.

On achète des billets à l'avance ? Pas besoin. Le premier arrivé fera la queue pour l'autre.

La comète de Halley revient tous les soixante-seize ans, et l'auteur a pour point d'honneur de ne pas rater un seul de ses passages, comme il le rappelle à sa fille à la sortie du planétarium, en 1986.

Lettre d'amour ? Aide-mémoire trop personnel ? Démystification ? Tout cela ensemble, dans une douceur très quotidienne.

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Gallimard, 1986

Éloges.

Claude Simon, André Malraux, Garcia Marquez. Mais aussi Victor Serge et Pierre Mertens. Le Tintoret et Courbet. Mais aussi Guayasamin et Chambas.

Littérature, peinture. D'hier et d'aujourd'hui.

Pas de bannière cachée, idée fixe ou doctrine, derrière ce mélange d'œuvres maîtresses ou complices. Mais une sensibilité qui se confesse : celle qui préfère la force à la forme, le brut au chic, l'émotion à la prédication.

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Grasset, Prix Femina, 1977

La neige brûle.

Coll. Poche n°5253, 1979.

Un homme et une femme, Boris et Imilla, se cherchent, se perdent, se retrouvent et se manquent. À travers l'Europe et l'Amérique. Dans la lutte, la torture, la mort, l'assassinat. Pour l'amour des hommes. Imilla, fille des montagnes d'Autriche, a choisi de se battre pour la justice. Elle rencontre à La Havane un Français, Boris, rescapé d'une autre révolution.

Boris est aimanté par Imilla mais cette dernière aime Carlos, un leader révolutionnaire ; elle s'en va vivre avec lui à La Paz, dans la clandestinité et la joie, jusqu'au jour où il sera abattu par la police bolivienne. Imilla perd tout : l'homme qu'elle aimait, l'enfant qu'elle attendait, le combat qu'elle menait. Mais elle n'abandonne pas la voie sur laquelle elle s'était engagée. De Cuba au Chili, de Bolivie en Angleterre, de Paris à Hambourg, elle assume son destin jusqu'au bout.

Destin de militante. Destin de femme. L'Histoire à majuscule habite l'histoire des personnages ; elle est leur chair, leur souffrance, leur espérance.

Le bonheur de Boris et d'Imilla est impossible mais grâce à eux, d'autres hommes seront un jour moins malheureux. Une chanson d'amour dans le tragique de notre temps. L'affirmation d'une volonté de vivre et de combattre. L'auteur n'a rien inventé : le roman était dans les journaux et la romance dans sa mémoire. Il revit, nous fait vivre la Passion d'Imilla. L'Indésirable, paru en 1975, avait révélé un romancier.

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Le Seuil, 1976

Journal d'un petit bourgeois entre deux feux et quatre murs.

Coll. La Petite Vermillon n°219, La table ronde, 2004.

Peu de livres m'auront autant marqué que ces fragments rédigés en 1970 dans la prison bolivienne où Régis Debray expiait son enrôlement juvénile dans la cause révolutionnaire.

Trente-quatre années plus tard, je relis ces pages avec le même précipité d'admiration (pour l'écrivain), de respect (pour le combattant) et d'incrédulité (pour le matérialisme, le marxisme, le progressisme, la révolution, etc.).

Peu importe que la cause de Régis Debray n'ait jamais été la mienne (euphémisme). Peu importe que le tribunal de l'Histoire l'ait condamné sans appel et à très juste titre.

Reste qu'il faut discriminer (hors idéologie) ceux qui, au moins le temps d'un combat, auront misé leur vie sur autre chose que le confort de leur ego, et tous les autres. À cet égard, ce livre d'un bel écrivain français, plutôt classique dans sa texture, reste à mes yeux exemplaire - Denis Tillinac.

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Le Seuil, 1975

Les rendez-bous manqués.

Paris aujourd'hui. Jérémy se rend en cours nerveux, il a rendez-vous ce soir avec son père qu'il n'a pas vu depuis dix ans. Mais l'hôpital l'appelle pour lui annoncer que son père vient d'être amené par les pompiers dans un état grave. Commence alors pour le jeune étudiant une descente dans l'inimaginable.

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Le Seuil, 1975

L'indésirable.

Si les hommes parviennent à transformer le monde, qu'est-ce que l'action d'un homme d'action peut transformer de lui-même ?

Il ne suffit pas de faire le tour de la terre pour accomplir sa propre révolution : Frank, parti pour épouser l'Histoire en Amérique, découvre au fil des combats la pesanteur de l'âme européenne. Trop lucide pour croire en l'efficacité de sa force d'appoint, mais trop actif pour se repaître de ses doutes, il choisira de disparaître pour n'avoir pas à choisir entre le jour et la nuit.

Il a pourtant cru les confondre et les saisir ensemble en la personne de Célia. Mais Célia, c'est l'étrangère, l'insaisissable. Cette grande sueur impossible qui atteste que tous les hommes ne sont pas frères mais resteront marqués différemment par le bleu singulier de leur ciel d'enfance.

Du moins Frank a-t-il rencontré, dans cette histoire qui n'était pas la sienne, des camarades qui n'en attendaient rien mais qui savaient répondre devant elle de leur parole donnée. En apparence solitaire, son sacrifice n'a d'autre sens que celui de maintenir intacte cette sorte de fidélité. La simple existence et la lutte de ces militants font de ce procès-verbal d'un suicide tout le contraire d'un hymne au désespoir.

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Le Seuil, 1967

La frontière suivi de Un jeune homme à la page.

Je quitte très bientôt le Vénézuela, où j'ai réalisé quelques documents filmés, pour la Colombie, puis pour l'Amérique indienne. Et déjà la littérature redevient mon fondamental souci…, nous écrivait Régis Debray en 1964, de Caracas où il se trouvait.

II venait de nous remettre pour publication les textes de deux longues nouvelles, La Frontière et Un jeune homme à la page. Nous attendions pour les faire paraître son retour en France qui fut sans cesse différé. Aujourd'hui, dans les circonstances que l'on connaît, alors que Régis Debray se trouve plus loin que jamais de Paris où furent composés ces deux récits, nous voulons, par ce livre, attester sa présence d'écrivain parmi nous.

Ces pages témoigneront pour ce jeune talent dont l'unique préoccupation fut d'écrire ce qu'il avait vu et de donner à comprendre ce qu'il croyait juste et vrai.

Peut-être ce livre parviendra-t-il jusqu'à lui : qu'il le reçoive comme un gage de notre amitié fidèle et de notre entière confiance en son avenir d'écrivain.

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Ouvrages collectifs
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Gallimard, 2023

Le dernier souffle

Accompagner la fin de vie.

Avec le docteur C. Grange.

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Gallimard, 2010

Le Débat, trente ans.

Entretien avec Pierre Nora - Pourquoi des revues ?

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Gallimard, 2000

Les temps modernes.

Robert Redeker, Régis Debray, père de la médiologie.

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Gallimard, 1995

Le Débat.

Régis Debray, À propos du spectacle, réponse à un jeune chercheur.

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Gallimard, Le débat, 1993

Le Débat.

Les échanges avec Marc Fumaroli.

Dictature de l'image ?

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Gallimard, 1988

Pierre Vandrepote, Les masques de Régis Debray, anticritique

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Gallimard, 1969

Les Temps modernes.

Considérations sur les thèses de Régis Debray.

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Gallimard, 1968

Les Temps modernes.

Régis Debray et la radicalisation de la révolution.

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Gallimard, 1968

La NRF

Dominique Noguez, La Frontière, par Régis Debray.